Distiller le plaisir de manger aux enfants
Je ne veux pas manger...
Le repas est un moment convivial, à passer en famille. Mais dès lors que le petit dernier a décidé de ne pas manger, la tension monte sensiblement. Ce n’est pas faute de tenter de laisser couler, mais impossible pour la maman ou le papa que nous sommes, d’accepter que le petit aille au lit ou à l’école le ventre vide. Pourtant, son entêtement nous conduit à hausser le ton (si ce n’est pas crier), à menacer ou carrément punir.
Le remord nous ronge quand le petit est en train de pleurer toutes les larmes de son petit corps, dans sa chambre parce qu’il n’a pas réussi à nous faire comprendre son mal-être.
Avant tout, sachez que...
- Votre enfant ne se laissera jamais mourir de faim
- Il ne vous défie pas et ne fait pas de « caprice alimentaire »
- Il n’a peut-être pas faim
- Il n’aime peut-être pas ce qu’il a dans son assiette
- Son problème n’a rien à voir avec la nourriture, mais il ne sait pas comment vous le dire
Vous l’avez bien compris, crier, gronder et punir ne servent pas à grand-chose. Il faut trouver une autre solution parce que vous vous épuisez à vouloir imposer une règle qui ne semble pas fonctionner. C’est bien joli, mais je fais quoi, moi, quand il pleure et qu’il ne veut rien avaler ?
Voici 3 pistes à explorer avec votre petit qui peuvent vous aider à passer ce cap parfois difficile.
Technique 1 : le laisser se servir seul
Se servir seul permet d’estimer la quantité que l’on a envie de manger. Certains enfants sont de petits mangeurs et d’autres des ogres. Inutile donc de comparer les quantités mangées par deux enfants. L’appétit fluctue également selon l’âge de l’enfant. Jusqu’à deux ans, il est souvent constaté que les enfants dévorent, mais passé cet âge, ils grandissent moins vite et donc mangent moins. C’est normal. Donc si votre enfant est dans ce cas, pas de panique.
La technique de se servir seul est à proposer à l’enfant avec une consigne simple : « tu te sers seul, mais ce que tu mets dans ton assiette, tu le termines. Si tu as une petite faim, mets-en un peu, si tu as une grosse faim, mets-en beaucoup ». 9 fois sur 10, ça fonctionne. L’enfant va accepter de manger la quantité qu’il estime avoir besoin.
Si un jour, il montre un petit appétit, ne vous inquiétez pas. Pensez à surveiller les jours suivants.
Technique 2 : de petits repas et des collations
Sachez que manger 3 repas par jour est un rythme qui nous a été imposé par la société. Il serait plus logique de manger quand nous avons faim, mais ce n’est pas possible. Nous avons des horaires à respecter... vous voyez où je veux en venir ?
Il se peut très bien que votre enfant que vous voyez comme mangeur difficile n’ait tout simplement pas accepté de manger aux heures que vous imposez.
Si vous constatez que pendant le repas, votre loulou n’a pas beaucoup mangé, proposez-lui une collation (compote, fruit, yaourt, gâteau sec, etc.) un peu plus tard. Veillez à éviter de lui proposer trop de sucré en collation. Rassurez-vous également sur le fait qu’il pourrait en prendre l’habitude. Ce n’est pas une mauvaise habitude. Certaines personnes mangent peu aux repas parce qu’ils les fractionnent et ajoutent, dans leur journée, des collations équilibrées.
Petit conseil : évitez le « chantage au dessert ». Qu’il soit dit une bonne fois pour toutes : ça ne fonctionne pas ! Le dessert n’est pas une récompense, c’est une partie du repas. Cela peut être un fruit (et donc il prend des vitamines), un yaourt (calcium, lactose, etc.) ou bien un dessert maison. Il serait dommage de priver un enfant, qui déjà ne mange pas beaucoup, de cet apport !
Technique 3 : Évitez de lui donner trop à boire
L’estomac est une poche qui se remplit aussi de liquide. Si vous donnez à boire à votre petit juste avant de manger, il se peut que la boisson lui coupe l’appétit et donc il ne mangera pas bien à table. Bien entendu, cela ne fonctionne pas à tous les coups, mais c’est un bon point de départ.
De plus, pensez à alléger les collations, car ce sont bien des collations ; elles ne doivent pas remplacer le repas ! Si votre petit aime le lait, proposez-lui un verre en guide de collation. Évitez les jus de fruits (y compris les jus pressés) et les boissons gazeuses, car ils agissent comme des coupe-faim, à cause du sucre.
Pendant le repas, proposez à votre enfant une boisson (de préférence de l’eau) en fin de repas et non au début.
technique 4 (bonus) : composez les menus à deux
S’il ne mange pas ce que vous lui proposez, c’est peut-être qu’il n’aime pas la préparation. Et si vous proposiez à votre enfant de composer son menu préféré ? Sous la forme d’un jeu, vous pourriez vous servir d’une dinette pour montrer à votre enfant les éléments qu’il faut absolument mettre dans le repas (un légume, des féculents, un fruit, etc.). Ensuite, il choisit ce qu’il veut et vous composez ensuite un repas équilibré.
Cette technique implique l’enfant dans la composition de son assiette. Selon son âge, vous pouvez même l’impliquer dans la réalisation. Il peut couper les aliments, les mixer, ou encore mélanger. C’est un plaisir de gouter le repas avant tout le monde... :)
Pour conclure
Le repas est un moment familial qui doit rester agréable et non une montée d’angoisse à l’idée de se retrouver en bataille avec un enfant. Essayez ces quelques techniques pour voir celles qui fonctionnent. Nous sommes tous différents et ce qui fonctionne chez l’un ne fonctionne pas nécessairement chez un autre. Gardez aussi à l’esprit que la technique ne peut fonctionner qu’un temps limité. Il faudra donc chercher d’autres techniques, selon l’âge de l’enfant, ses réactions ou encore ses envies du moment.
Si vous angoissez à l’idée que votre enfant ne mange pas à table, commencez par noter tout ce qu’il mange dans la journée. Vous verrez peut-être se dessiner la raison pour laquelle il ne mange pas à table... le grignotage est sournois.