Apprendre à gérer sa colère...
Mon petit pique de monstrueuses colères
La colère est une émotion. Et comme toutes les émotions, la maîtrise est souvent difficile. Le chemin vers la bonne gestion des émotions, qu’elles soient positives ou négatives, est long ou parfois douloureux. Les enfants doivent suivre ce chemin, d’une part pour construire l’adulte qu’ils deviendront, et d’autres part parce que notre société l’impose.
Mais comment faire pour accompagner un enfant qui laisse ses émotions prendre le dessus ?
Avant tout, sachez que...
- Votre enfant ne le fait pas exprès ;
- Il ne vous défie pas, il se construit ;
- Il n’a peut-être pas envie de se maîtriser ;
- Il a peut-être peur de ce qu’il ressent ;
- Il ne sait pas comment vous dire des choses simples.
Un enfant est un adulte en devenir. En tant que parent, il est important de lui inculquer les valeurs qui sont les vôtres, mais également de lui apprendre une capacité à résoudre ses problèmes en utilisant ses émotions à bon escient. Maîtriser ses émotions, comme la colère, n’est pas inné. Cela s’apprend et c’est à vous, parent, de placer votre enfant devant la porte de ses émotions et de lui donner la clé pour les comprendre.
Voyons ensemble 3 éléments qui peuvent vous aider à gérer la colère de votre enfant sans vous esquinter la santé et le moral.
Colère : la météo de ton cœur
Avant de vouloir maîtriser la colère, il faut la comprendre, savoir l’identifier et surtout la qualifier. Mettre un mot sur une émotion n’est pas chose facile, même pour un adulte. Connaissez-vous la différence entre la colère et être simplement vexé ? Avez-vous des mots simples à mettre en face ?
Et si vous testiez la météo du cœur ? La météo du cœur est une petite technique très mignonne qui permet à votre enfant de mettre des mots sur ses sentiments. Vous pouvez matérialiser ces mots par des éléments qu’il connaît. La mise en place sera probablement longue, car changer les habitudes est difficile. Mais rien qu’en modifiant votre propre attitude, vous obtiendrez une réponse différente de la part de votre enfant.
La météo du cœur est à commencer quand vous êtes au calme. Parlez de votre cœur en ces termes :
– Tiens ! Il fait grand soleil dans mon cœur en ce moment. Je me sens bien et calme. Et toi ? Il fait comment dans ton petit cœur ?
– Je sens qu’il y a une tempête qui vient dans mon cœur. Je commence à m’énerver...
– J’ai de la pluie dans mon cœur, je me sens triste. Est-ce qu’il y a des rayons de soleil dans ton cœur qui pourraient chasser les nuages du mien ?
Ce discours simple et imagé est facile à installer entre vous et votre enfant. Vous pourriez même utiliser des outils comme un calendrier météo ou des badges.
Les badges des sentiments sont faciles à réaliser – et cela peut même être une activité avec votre enfant : des feuilles cartonnées de couleur, un feutre et de la ficelle. Mettez à disposition des colliers avec des cartons de couleur pour que l’enfant choisisse l’émotion qu’il ressent. Il peut changer à tout moment, et vous aussi.
Petite anecdote : Avec mon fils, nous avions quelques soucis de communication. J’ai opté pour le badge des émotions. Après une bonne colère, il s’est réfugié dans sa chambre avec un badge rouge. Je suis allée au salon pour me calmer et j’ai aussi mis un badge rouge. Après environ 10 minutes, il est venu dans le salon me voir avec un badge jaune (fâché, mais envie de parler) et a vu mon badge rouge. Il est reparti, acceptant ma colère rouge. 5 minutes plus tard, il est revenu avec un badge bleu (content et besoin de câlins), mais j’avais toujours mon badge rouge. Bien entendu, je n’étais plus en colère, j’avais juste oublié de l’enlever. Mais ce que je retiens, c’est que ce badge lui a permis de faire le lien entre l’expression fâchée de mon visage et la couleur de mon badge. Quand il est revenu me voir la seconde fois, mon visage n’exprimait plus du tout la colère. Il s’est alors avancé et m’a demandé d’une petite voix :
– Il va bientôt devenir bleu ton cœur ? Parce que le mien, il est plus en colère...
J’ai constaté, à cet instant, que mon fils avait respecté ma colère et notre dispute et avait fait l’effort de changer son comportement pour s’adapter au mien. Nous étions sur le bon chemin !
Envie de tout casser : maman/papa ou enfant ?
En tant que parent, il est difficile d’accepter une colère d’enfant parce qu’on ne la comprend pas. Elle est disproportionnée et ne correspond pas aux attentes parentales. Pourtant, c’est aussi votre rôle de parent de laisser à votre enfant la possibilité d’être en colère. Au travail, n’avez-vous pas des moments où vous êtes en colère contre un collège, un chef ou un client ? Vous ne l’exprimez certes pas en cassant des objets ou en envoyant votre agrafeuse dans la vitre (ou pas), mais votre colère est tout de même là.
Et votre enfant ? Pourquoi ne pourrait-il pas avoir le droit d’être en colère ? Si vous pensez que finalement, oui, il a le droit d’être en colère, c’est déjà un grand pas. Vous avez maintenant la possibilité de l’aider à mesurer sa colère.
Petit conseil : Apprendre à explorer ses sentiments n’est pas facile et demande beaucoup de temps et de patience. Soyez patient avec vous-même et votre enfant.
Et les parents dans tout ça ?
Exaspération, colère, envie de tout casser, envie de s’enfuir... vous aussi, en tant que parent, vous passez par de nombreuses émotions. Même si nous avons à coeur de mettre l’enfant au centre des préoccupations, les parents aussi, peuvent avoir besoin d’apprendre à gérer leurs propres émotions.
Comment faire pour montrer le bon exemple ? Comment être patient et ne pas regretter des gestes ou des paroles ? Pas facile du tout ! Nous sommes humains.
Sachez toutefois que, vous aussi, vous avez le droit d’être en colère et de le dire ! Exprimez vos sentiments montrera à l’enfant que les adultes aussi sont sensibles. Apprenez à pleurer. Les larmes ne sont pas une faiblesse. Vous pouvez être blessé, heureux, fatigué, en joie... Toutes les émotions peuvent appeler des larmes.
Pour conclure
Les émotions sont compliquées à gérer et supporter des débordements demande beaucoup de courage, aussi bien pour l’enfant que pour l’adulte. Essayez les solutions qui vous conviennent le mieux. Elles ne fonctionneront pas toutes, mais vous aurez au moins le mérite d’avoir essayé. Sachez également que les solutions sont temporaires.
Lorsque votre enfant s’est adapté à une solution, il la dépasse. Ce n’est pas une mauvaise chose, c’est simplement qu’il a appris la leçon de vie que vous lui avez donnée. Même si parfois, cela vous paraît être un retour en arrière, avec la désagréable impression de devoir tout recommencer, ce n’est pas le cas. Votre enfant a appris des choses et vous aussi, au moins sur vous-même et votre relation à autrui...